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13/06/2024

Le CBNPMP expert régional des richesses végétales et fongiques

Flore, fonge, végétations et habitats naturels sont les sujets consacrés des Conservatoires botaniques nationaux avec les bryophytes et les lichens qui offrent un monde de découvertes à explorer… 
 
Au fondement de l’existence du Conservatoire botanique, les plantes sauvages comptent au premier rang des objets d’étude de l'équipe.
À l’échelle des Pyrénées et Midi-Pyrénées, la flore vasculaire (pourvue de vaisseaux conducteurs de sève) est extrêmement diversifiée au gré d'une palette de milieux naturels sous l’influence de climats océanique, montagnard et méditerranéen.
Ces espèces végétales (Trachéophytes) regroupent l’ensemble des plantes à graines (Angiospermes) ou à fleurs incluant les arbres et Gymnospermes (dont les conifères font partie) ainsi que les fougères et plantes apparentées à spores (anciennement Ptéridophytes). 
Près de 5 400 taxons (espèces, sous-espèces, variétés et hybrides) de plantes vasculaires sont répertoriées des Hautes-Pyrénées à l'Aveyron, en passant par le Gers, la Haute-Garonne, l’Ariège, le Tarn-et-Garonne, le Tarn et le Lot, en incluant la partie massif des Pyrénées-Atlantiques.
Sur terre, dans l’eau, en milieux rocheux, là où la nature est sauvage mais aussi là où elle a été façonnée par l’homme, les végétaux sont identifiés, localisés et inventoriés par les botanistes pour mettre en évidence des enjeux de conservation de plus en plus prégnants. À partir des indicateurs et menaces qui peuvent alors être partagés, des programmes de connaissances, des actions de préservation ou de restauration peuvent être mis en œuvre avec les acteurs du territoire, naturalistes, chercheurs, gestionnaires d'espaces, collectivités, associations...
 
Le règne des Fungi, encore appelés mycètes ou champignons, a été reconnu plus récemment comme partie intégrante des missions fondamentales des CBN via le décret d’application (n° 2021-762) de 2021.
Environ 6 000 espèces de mycètes sont connues dans les territoires explorés par les mycologues du CBNPMP ; force est de constater que sous la surface des sols et à des échelles microscopiques un vaste champ d’étude s’étend encore…
Avec une classification qui évolue à vive allure, le patrimoine fongique n’en finit pas de révéler ses richesses et sa diversité, non sans laisser apparaître des tendances de raréfaction préoccupantes et des risques importants de disparition pour plusieurs espèces vulnérables ou en danger, voire en danger critique d’extinction dans la nature. La publication en 2024 de la première Liste rouge des champignons de France métropolitaine qui se concentre pour le moment  sur les bolets, lactaires et tricholomes, témoigne des menaces qui pèsent sur ces espèces et leurs habitats. Le manque de connaissance est aussi souligné par l’évaluation qui classe 25% des champignons de ces 3 groupes évalués en catégorie « Données défaillantes » (DD).
À ce jour, malgré les enjeux, aucun programme de conservation n’est dédié à la fonge, néanmoins les CBN poursuivent une mission d’amélioration des connaissances avec le concours de multiples partenaires spécialistes et bénévoles quand un groupe de travail national s'organisent pour concevoir une méthodologie commune dans l’optique de proposer une première liste d’espèces de champignons (et lichens) à la protection en France ; gageons que la Liste rouge et ses autres volets à venir amorcent d’autres nouveaux projets en faveur de la diversité fongique.
 
Les végétations, c’est-à-dire les communautés d’espèces végétales, sont également l’un des domaines d’études réaffirmés en 2021 en lien avec les habitats naturels qui sont depuis toujours au cœur des préoccupations du CBNPMP.
En prolongement de la botanique, c’est la phytosociologie qui étudie les groupements de plantes vasculaires et de bryophytes, les interactions entre elles et avec leur biotope. Cette branche de l’écologie s’appuie sur des inventaires floristiques pour identifier des ensembles de végétaux et décrire des liens fonctionnels entre les communautés d’espèces et les conditions du milieu (substrat, pH, température, humidité, etc.). La phytosociologie cherche ainsi à comprendre et décrire un espace naturel au regard des unités écologiques qui le composent et des trajectoires dynamiques de ses végétations. Précisant la caractérisation des habitats naturels, les phytosociologues distinguent par exemple différentes formations végétales au sein des forêts alluviales : celles dites mixtes de Chênaies-Ormaies et celles de Saulaies-Peupleraie pionnières.
Cette connaissance des végétations et des habitats naturels constitue un préalable indispensable pour définir les enjeux de biodiversité d’un territoire afin d’y projeter une gestion conservatoire appropriée et plus globale au-delà de la situation propre à chacune des espèces qui s’y retrouvent. 
 
Diversifiés et abondants dans beaucoup d’écosystèmes, les bryophytes et lichens font également partie des sujets d’étude du Conservatoire botanique. Le plus souvent de taille très modeste, ces organismes passent plutôt inaperçus et restent assez peu connus du grand public bien que l’histoire du vivant positionne leurs ancêtres parmi les premières formes de vie primitives... Au travers d'inventaires, la bryologue du CBNPMP poursuit lau développement des connaissances sur ces composantes non négligeables de la diversité végétale, en s’intéressant à leur état de conservation et à ce qu’elles révèlent sur la qualité des environnements qu’elles peuplent.
En France métropolitaine, le groupe des bryophytes, des plantes à thalles (fronde) ou à feuilles dépourvues de système vasculaire et de racine, comprend environ 800 espèces de mousses et sphaignes, quelques 300 hépatiques et seulement 4 anthocérotes, sachant qu’au niveau mondial la communauté scientifique estime que ce groupe compte plus de 25 000 espèces. Terrestres et parfois subaquatiques, la bryoflore colonise les milieux avec une certaine humidité tout en supportant très bien les périodes sèches car la plupart des espèces est douée d’une étonnante capacité de reviviscence.
Déterminer ces espèces nécessite relativement plus de temps qu’en botanique : après prélèvement sur le terrain, l’observation au microscope s’impose aux bryologues. Comme du côté des mycètes, très peu d’actions de conservation sont engagées à ce jour mis à part dans certains territoires relevant d’aires protégées (sites Natura 2000, parcs nationaux ou naturels régionaux, réserves naturelles, etc.). Des listes rouges ont cependant été produites dans différentes régions avec le concours des Conservatoires botaniques nationaux, constituant une première étape de hiérarchisation des responsabilités de conservation.
Concernant les lichens, résultant de la symbiose (coexistence durable à bénéfices mutuels) d’une algue ou d’une cyanobactérie et d’un ou plusieurs champignons, les CBN s’attèlent avec les lichénologues à enrichir la connaissance quand des yeux inexpérimentés ne remarquent même pas la présence de ces espèces pionnières. Colonisant les milieux au rythme d'une croissance extrêmement lente en plus d’être capables de stopper tout métabolisme à l'état sec pour reprendre une vie active lorsqu'ils se réhydratent, certains lichens pourraient vivre jusqu'à plusieurs siècles avec des conditions écologiques et climatiques favorables...
Si la connaissance se développe en continue, bryophytes, algues, lichens et champignons, apparaissent ainsi comme des sujets d’étude à explorer davantage et tout autant que peuvent l’être les plantes et les végétations, surtout qu’il y a là des espèces considérées comme de précieux indicateurs pouvant être utilisés à des fins de biosurveillance pour évaluer la santé des écosystèmes, la qualité de l'air et des eaux.

(1) Gourvil J., Millet J., Perera S. et A. Reteau (Coord.) 2019. La flore menacée de France métropolitaine. Dossier de presse. Conservatoires botaniques nationaux – Agence française pour la biodiversité, 28 p.

 (2 ; 3) Gilg O., Roche A., Figuet S., Robert S., Barnier F., Witte I., Poncet L. et Touroult J. (Coord.) 2019. Le patrimoine naturel en France et dans les Réserves naturelles : état des lieux. Réserves Naturelles de France – UMS PatriNat (AFB-CNRS-MNHN), Dijon, 44 p.