Près de 200 participants ont répondu présents aux journées-ateliers REVER - Réseau d'Echanges et de Valorisation en Ecologie de la Restauration ce début octobre à Bagnères-de-Bigorre.
Lors de la conférence publique programmée en parallèle, Virginie Maris a invité l'auditoire à faire « un pas de côté » et à se questionner sur notre appropriation des problématiques environnementales au-delà des enjeux de conservation de la nature...
Praticiens, étudiants et chercheurs sont venus de toute la France et d'Outre-mer, pour partager les projets opérationnels et expérimentaux qui les mobilisent avec l'ambition de maintenir et de restaurer la biodiversité.
Après une introduction par la voix des officiels locaux, les présentations ont tout d'abord porté sur l'importance de l'origine des plantes employées lors de chantier de revégétalisation. Unanimes quant à l'intérêt de recourir aux semences locales, naturellement adaptées aux contraintes des sols et aux conditions climatiques, la table ronde s'est poursuivie sur la question des collectes de végétaux dans la nature.
La session suivante, s'intéressant à la mobilisation des acteurs dans les démarches de restauration écologique, a mis en exergue la nécessité d'impliquer décideurs, prescripteurs, opérateurs et usagers des projets de réhabilitation avec, en filigrane, le défi de faire converger les intérêts en faveur des enjeux.
La seconde matinée a été l'occasion d'échanger sur plusieurs méthodes de suivi et d'évaluation des projets de restauration notamment hydromorphologique en milieux lacustre, quand les présentations de l'après-midi se sont concentrées sur des exemples concrets de restauration de prairies.
En prolongement des journées-ateliers, un temps de rencontres et de sensibilisation était ouvert à tous, réunissant congressistes et curieux pour quelques instants de poésie avec Roland Gérard sur les bords de l'Adour...
Virginie Maris, philosophe de l'environnement, a ensuite proposé une conférence publique à la centaine de personnes qui avaient noté le rendez-vous, bagnérais et habitants des commune alentours. Nourrie par la richesse des journées-ateliers Virginie Maris a invité l'auditoire à s'interroger sur l'anthropocène, " l'Âge de l'Homme " caractérisé par l'influence dominante des activités humaines sur l'évolution de la Terre. Des ambitions créatrices aux impacts destructeurs suivis d'initiatives réparatrices, la philosophe a ouvert le débat sur l'impasse de cette relation de contrôle que notre société entretient avec la nature, le vivant, les ressources...
Départ en bus, direction le domaine du Grand Tourmalet pour s'intéresser à la démarche de restauration engagée sur le site après travaux aux abords des pistes de ski. Avec B. Dupin, pour la société Eco-Altitude, le groupe en a appris davantage sur les techniques de restauration des pelouses subalpines à partir de semences locales ; G. Dantin, expert représentant le bureau d'étude qui a participé au projet, a poursuivi l'intervention notamment sur la reconstitution du milieu par transfert de végétation et de sols ; des propos complétés par L. Rigou, pédologue indépendant, qui a livré quelques éléments clés sur le fonctionnement des sols. En complément, les représentants du bureau d'études Amidev et du domaine skiable du Grand Tourmalet sont revenus sur les enjeux complexes des projets de restauration écologique en montagne et la multiplicité des compétences à mobiliser pour assurer le succès des opérations.
Dans le Gers, l'Adasea 32 représentée par G. Sancerry et C. Lemouzy, a proposé d'explorer deux prairies dont elle accompagne la bonne conservation. La première visite à l'Isle-Jourdain a été l'occasion de revenir sur les nombreuses fonctionnalités du milieu à la fois zone tampon lors des crues mais aussi d'assainissement grâce aux capacités de filtration naturelle de la prairie. L'espace renaturé, après avoir été cultivé et largement soumis à l'érosion, héberge désormais une belle diversité de plantes sauvages et se maintient grâce l'intervention d'un agriculteur qui peut y faire du foin.
À Gimont, c'est une prairie humide restaurée dans le cadre de programmes d'action régionaux qui a accueilli les étudiants et techniciens curieux de comprendre les différentes étapes de réouverture du milieu et de préservation des espèces remarquables en présence : la Jacinthe de Rome et le Fluteau nageant. Un cas pratique qui a aussi été l'occasion d'un bref focus sur les mesures agro-environnementales...
La visite d’un réseau de zones humides a été proposée à Capvern avec le concours de D. Soule, M. Enjalbal et M. Némoz travaillant pour le Conservatoire d'espaces naturels d'Occitanie qui accompagne la gestion des parcelles semi-naturelles.
Ici, la diversité des milieux interpelle : des boisements sur remblais anciens, des landes atlantiques, des pelouses très pauvres et des milieux tourbeux appellent des mesures de gestion variées quand une zone de ball-trap soulève la problématique de pollution des sols au plomb... Les interventions pour rétablir et maintenir le milieu ouvert ont attiré l'attention sur les pratiques de pâturage tout en faisant le lien avec le programme LIFE Biodiv'Paysanne qui vise à expérimenter des méthodes de gestion conservatoire innovantes. L'enjeu des plantes exotiques envahissantes (PEE) a également été mis en exergue comme pression supplémentaire sur la biodiversité des lieux.
Avec ces retours d'expérience sur le terrain, les étudiants, techniciens et chercheurs en écologie de la restauration ont pu continuer à partager connaissances et savoir-faire, et ainsi faire réseau pour mieux servir leur mission en faveur de la nature.
Retrouvez l'ensemble des posters scientifiques et supports de présentation des communications orales proposés lors des journées-ateliers ainsi que les enregistrements des deux interventions de notre invité Virginie Maris via ce lien : http://ecovars.fr/fr/rever12 .
Événement soutenu par les services de l'État de la région Occitanie (DREAL, Coordonnateur du Massif des Pyrénées), l'Office français de la biodiversité, l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD), la Département des Hautes-Pyrénées, la Communauté de communes de Haute-Bigorre et la commune de Bagnères-de-Bigorre. le