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23/06/2023

Ail des ours : une saveur sauvage et un patrimoine naturel à préserver

En quelques années, l’Ail des ours  (Allium ursinum) est devenu une star qui fait parler de lui dans tous les médias et se retrouve à toutes les sauces, au propre comme au figuré… Devenu un incontournable du printemps, sa cueillette attire autant les familles que différents types de professionnels dont il est essentiel d’observer l’ensemble des pratiques pour mieux anticiper de possibles impacts sur la ressource naturelle.

Pour beaucoup de particuliers, la cueillette d’Ail des ours c’est un moment agréable en forêt dont on revient avec le goût satisfaisant de faire usage d’une plante sauvage. Les approches sont néanmoins plurielles, aussi diversifiées qu’il y a de façons d’être en relation avec le monde végétal. Il en va de même chez les professionnels. 

Certains sont cueilleurs de métier et cueillent de façon artisanale pour de petites transformations, d’autres approvisionnent l’industrie agro-alimentaire en particulier. D’autres encore, agriculteurs, font de cette cueillette spécifique un moment à part dans leur quotidien… 

Face à l’engouement pour l'Ail des ours devenu matière première végétal et compte tenu de sa vulnérabilité, car l’espèce n’est capable de se reproduire qu’à partir de sa 4e année, le Conservatoire botanique et ses partenaires expérimentent un protocole afin d’évaluer l’impact de différentes méthodes de prélèvement. Après analyse, les observations relevées sur 3 années de suivis livreront des indicateurs permettant de faire progresser la connaissance sur l’espèce et de préciser l’impact de différentes cueillettes. 

Ainsi, une baisse généralisée du nombre de feuilles cueillables (limbe de plus de 10 cm de long) dans les stations étudiées a été constatée entre 2021 et 2023. La cueillette répétée chaque année accentue encore cette diminution de la ressource et impacte fortement la reproduction de la plante qui produit beaucoup moins d'inflorescences. Toutefois, certains modes de cueillette ont des effets moins importants que d'autres. La poursuite de cette étude permettra de préciser les préconisations inscrites dans la fiche technique pour une cueillette respectueuse de la régénération des populations d'Ail des ours :

  • Ne cueillir que dans les sites de plus de 200m2 où l'Ail des ours est présent en forte densité (plus de 75 % de recouvrement);
  • Ne pas cueillir sur le même site chaque année, d'autant plus si on le sait fréquenté par d'autres cueilleurs;
  • Prélever uniquement des feuilles de plus de 10cm (largeur de la paume d'une main adulte) sans arracher les bulbes;
  • Eviter le prélèvement des boutons floraux, des fleurs, des graines qui impacte la reproduction sexuée de la plante; 
  • Laisser des zones non cueillies sur la station.
  • Inscrite dans le cadre des projets PyCup et PyCup+ – En Pyrénées, des pratiques responsables pour les cueillettes professionnelles, cette expérimentation a été menée en parallèle d’une enquête ethnographique sur les cueillettes familiales et professionnelles d’Ail des ours qui a donné lieu à la réalisation d’un nouveau diaporama venu enrichir la collection de Dires et Gestes de cueilleurs. 

    Associant témoignages oraux et photographiques, il traite de l’Ail des ours, plante à la mode s’il en est ! À la différence des précédents diaporamas qui invitaient à suivre un type de cueilleurs, celui-ci invite à explorer une diversité d’approches et de façons de voir. Cueillettes familiales, artisanales ou pour l’industrie y sont donc représentées, croisant les regards des protagonistes, les façons de faire et certains de leurs questionnements… 

    Référence à citer : Garreta R., Lavabre M. & Morisson B., 2023,  Dires et gestes de cueilleurs. Une enquête ethnographique sur les cueillettes familiales et professionnelles d’Ail des ours. Conservatoire botanique national des Pyrénées et Midi-Pyrénées, Petit objet multimédia en ligne (https://vimeo.com/835371912?share=copy), 8'16.

    Pour aller plus loin : consultez la fiche technique : Garreta R., Morisson B., Rumeau M., 2021, Ail des ours : une saveur sauvage et un patrimoine naturel à préserver, Conservatoire botanique national des Pyrénées et Midi-Pyrénées, Fiche technique n°22 - Préservation, 6p.



    Contacts : Raphaëlle Garreta, ethnologue : raphaelle.garreta[@]cbnpmp.fr