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17/12/2020

Cueillettes traditionnelles et flore sauvage
des pratiques familiales et botaniques

Clé d’entrée pour aborder les thématiques de l’exploitation des ressources naturelles, de la gestion de la biodiversité et des rapports de l'homme à la nature, les cueillettes et leurs diverses formes offrent des pistes de réflexion et d’action riches et complexes qui mobilisent l’équipe pluridisciplinaire du Conservatoire...


Cueillir est un geste, un temps, le maillon charnière d’un ensemble où se mêlent nature et culture et où se dessinent des territoires et espaces. Cueillir mobilise certains savoirs et savoir-faire non dénués d'une implication directe sur les ressources naturelles. En ce sens, la cueillette est à l’interface des enjeux de connaissance et de conservation.
Aussi, le Conservatoire s’est intéressé dès 2004 aux diverses dimensions de cette thématique aujourd'hui d'actualité. Recherches, enquêtes de terrain, suivis d'espèce, rapport d'étude et projets portant notamment sur les plantes aromatiques et médicinales (PAM) se sont tout d'abord intéressés aux cueillettes familiales, autant qu'à celles des botanistes.
Depuis 2009, ce sont plus particulièrement les cueillettes commerciales qui appellent l'attention des botanistes, chargés de conservation et ethnologue du Conservatoire.     > En savoir plus... Cueillette professionnelle et flore sauvage <
Sans état de l'art exhaustif, l’ensemble des articles, rapports d'étude, ouvrages et autres productions accessibles en téléchargement ci-après, offrent de mieux comprendre ce sujet aux multiples facettes : entre pratiques, usages et représentations, avec comme fil rouge des enjeux de biodiversité mais aussi une opportunité de développement économique local, des implications réglementaires et des réseaux d’acteurs complexes...

Consultez les archives des lettres d'information Clématisse Le lien autour des savoirs et pratiques de la flore en Pyrénées publiées de 2004 à 2010 pour un tour d'horizon des projets, initiatives et réflexions engagés par  le Conservatoire et plusieurs de ses partenaires.

Au sujet de la cueillette, Christian Bromberger et Gérard Lenclud écrivaient en 1982 (Etudes rurales n°87-88)
" Il n’y manque ni profondeur historique, ni diversité des espaces, ni variété des manifestations. Il y est question de l’homme et de la nature dans toute leur gamme de relations : utilitaires, cognitives, symboliques. Il y est par là-même, question des rapports des hommes entre eux: pour organiser et réglementer les activités, partager le territoire, en gérer les ressources ; mais aussi pour connaitre et se représenter les gestes, les animaux, les plantes, finalement établir des relations symboliques, et ce faisant, énoncer des propositions sur eux-mêmes et le monde." 


D
e la connaissance de pratiques et d'usages traditionnels

Quand l’ethnobotaniste mène des enquêtes sur les savoirs et usages des plantes, dans quel que domaine que ce soit, il croise inévitablement les temps, lieux et pratiques de cueillette.
La plupart des interlocuteurs auxquels on demande de préciser la description d’une espèce commencent par indiquer les endroits où elle pousse et où ils la cueillent.

Ceci s’est particulièrement confirmé dans les enquêtes menées en 1999 par la Mission de création du Conservatoire sur Les savoirs populaires relatifs aux plantes médicinales dans les Pyrénées centrales (rapport d’enquête consultable au Conservatoire), mais aussi dans le travail d’inventaire sur les savoirs et usages des plantes médicinales mené en vallée de Lesponne.
2006, Balès L. : Enquête sur les savoirs et usages des plantes médicinales en vallée de Lesponne et vallon de Serris, mémoire de maîtrise.

Dans un autre champ d’utilisation - celui de la vannerie artisanale - les discours et gestes qui entourent la cueillette du noisetier expriment tout le savoir-faire et le « coup d’œil » averti des vanniers ; cette phase de prélèvement, riche de catégories singulières, est déterminante pour la confection et la longévité du panier.  
 
Pour les champignons comestibles… la cueillette prend des tournures toutes particulières, entre exercice solitaire et jeu de société ! C’est ce qu’à étudié Rodrigue Veyrat dans les Hautes-Pyrénées.
2005, Veyrat R. : La cueillette des champignons comestibles (Bigorre, Hautes-Pyrénées), mémoire de maîtrise.

Malgré les efforts actuels d’éducation à l’environnement et de préservation de la flore sauvage, chaque printemps, chaque été, des stations entières de fleurs de montagne subissent l’assaut de cueillettes intempestives. Comment comprendre cette frénésie ?
Dans le même temps, on cueille – parfois avec beaucoup d’émotion – pour la famille, les amis, et même, comme les baladins d’Ossau « pour la tradition ». Ce sont les logiques et motivations des différents acteurs à l’œuvre que les membres du pôle ethnobotanique du Conservatoire cherche à saisir.
2005, Tarery M. : Les pratiques de cueillette des fleurs sauvages dans les Pyrénées centrales, mémoire de maîtrise.
2008, Albert-Llorca M. & Tarery M. : Une fleur « pour la tradition » L’edelweiss dans la vallée d’Ossau (Pyrénées-Atlantiques) Revue Terrain n°51, pp. 148-159.

À travers six fleurs devenues emblématiques des Pyrénées, l’Iris des Pyrénées, le Panicaut de Bourgat, l’Aster des Pyrénées, la Ramonde, l’Edelweiss et le Sabot de Vénus, l’exposition Flors, à chacun na nature, à chacun sa fleur, met en scène les rapports que botanistes, chargés de conservation, pyrénéens et estivants entretiennent avec le monde végétal.
On s’y promène d’un univers à l’autre, découvrant tour à tour les intentions multiples de la cueillette, les enjeux et aléas de la conservation, le monde curieux des botanistes d’hier et d’aujourd’hui, l’ambiance fleurie des fêtes ossaloises, l’étrange parcours des admirateurs du Sabot de Vénus.
Chacun développe ses propres représentations où se mêlent émotions, intérêt scientifique, motivations identitaires…
L’exposition, et à sa suite le livret qui en est issu, mettent ces différents points de vue en présence et font apparaitre le sens caché derrière les évidences. > Descriptif de l'exposition <
2010, Garreta R., Morisson B. & Largier G. : Flors, à chacun sa nature, à chacun sa fleur. Le livre de l’exposition. Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées & CPIE Bigorre-Pyrénées, Editions pyrénéennes- Imprimerie Péré. Bagnères-de-Bigorre, 72 p.

Pour aller plus loin : 2011-12, Garreta R. : Una flor mitica. Tras las huellas de los zapatitos de Venus, Mètode, Universitat de Valencia. pp. 79-84.
2012, Garreta R. : « Sur les pas du Sabot de Vénus. » In Bulletin de la Société d'Histoire Naturelle de Toulouse n° 148, pp. 123-126.

Tulipa radii et Tulipa sylvestris sont deux espèces de tulipes sauvages protégées. Inféodées au travail du sol, aux vignobles et vergers, elles poussaient en abondance dans le village gersois de Marsolan. Comme bien des espèces messicoles et autres plantes remarquables des cultures, elles connaissent depuis l’après-guerre un fort déclin.
Pour mieux conserver ces fleurs, le Conservatoire s’est intéressé aux usages et représentations auxquels elles donnaient lieu... Très rapidement, c’est de cueillettes qu’il a été question : elles racontent l’ancrage des tulipes dans le système de sociabilité et la vie de la commune à travers le temps.

Pour aller plus loin2009, Duterme C. : Les tulipes sauvages à Marsolan, préservation d’un patrimoine existant : enquête auprès de la population de la commune autour de la présence des tulipes et des répercussions des actions réalisées par le Conservatoire en vue d’améliorer la communication auprès des locaux, rapport de stage.